Perdre parfois, pour mieux se retrouver.
Il est toujours difficile de traverser les conflits. J’ai mis plusieurs années à comprendre que « cranter » . C’est-à-dire franchir un cap dans sa vie et donc impliquait une perte.
Pourquoi ? Parce que cette perte n’est pas anodine : elle signifie laisser une ancienne programmation pour en accueillir une nouvelle.
Quand on a passé sa vie à sauver, à donner, à vouloir contribuer coûte que coûte, souvent pour répondre à un schéma traumatique, on finit par se retrouver dans une dette relationnelle. On entre dans une forme de transaction émotionnelle : je te donne, donc je mérite d’être aimé.e. Mais cette transaction-là ne repose pas sur une écologie saine. Elle repose sur la peur.
La nature nous enseigne que les échanges peuvent être vertueux. Dans un écosystème, chaque espèce contribue à l’équilibre. C’est un gagnant-gagnant.
Mais lorsque l’échange part d’une blessure, on déséquilibre la relation. Comme une branche cassée laisse entrer des agents pathogènes, nos failles peuvent devenir des portes d’entrée pour des idées toxiques, des comportements de soumission ou de culpabilisation. On se laisse gangréner.
Cicatriser, c’est alors mobiliser son système immunitaire psychique. C’est poser des limites. C’est refuser que les responsabilités des autres viennent s’installer en soi, comme le fait le coucou qui pond ses œufs dans le nid des autres, au détriment de ceux qui y étaient légitimement.
Dans les périodes de transformation, il y a souvent des pertes : des amitiés qui se délitent, des conflits qui émergent, des réactions parfois excessives. C’est normal. On change d’enjeu.
On ne cherche plus à nourrir la blessure de l’autre pour une récompense imaginaire. On choisit de se mettre en priorité.
Et comme toute chose nouvelle, on peut être maladroit. On peut juger trop vite. Être jugé en retour.
Mais si certains ne vous laissent pas cet espace de maladresse bienveillante, il est peut-être temps de tourner la page. Pour choisir des liens plus sains, plus nourrissants. Des relations qui vous accueillent tel que vous êtes : libre, vrai, authentique.
Car parfois, perdre un lien à l’autre, c’est regagner le lien à soi.